Intersection (s)
50ème anniversaire d’un centre d’hébergement d’urgence
Amiens, France.
Cette série est née d’une demande de l’APAP qui souhaitait mettre en lumière les travailleurs sociaux et les individus accompagnés par l’association dans le cadre de son cinquantième anniversaire.
DRE, ASE, DALO, ASL, CADA… Derrière des acronymes froids, au sens souvent méconnu, j’ai voulu aller à la rencontre des enfants, des femmes et des hommes qui, chacun, portent en eux, un petit bout de l’histoire de l’APAP.
En regardant et en écoutant les binômes et les groupes, j’ai vu s’incarner devant moi les dispositifs de l’association. Les témoignages se recoupent tous un peu au même endroit, là où l’humanité est une clef vers d’autres chemins.
J’ai intitulé cette série « Intersection(s) » car ces parcours interviennent en un même lieu : celui d’un choix. Parce que c’est cela aussi que propose l’association au fond, redonner confiance en son pouvoir d’agir.
Redevenir acteur de son récit.
Ces individus m’ont partagé un peu de leur histoire, la leur, mais aussi celle qui s’est écrite collectivement avec l’association.Partager leur regard, c’est aussi rendre hommage à ceux pour qui l’espoir est encore permis.
Meriem et Elena
Meriem et Elena se sont rencontrées pour la première fois en juin 2022, quand cette dernière a fui avec sa fille, la guerre en Ukraine. Mère et fille ne parlaient pas un mot de Français à leur arrivée. Il y avait toute leur situation administrative à organiser, mais aussi le quotidien à sécuriser. Meriem intervient sur tous ces aspects.
I.M.L. : l’intermédiation locative est un dispositif qui permet de sécuriser la relation locative entre un locataire et un bailleur, grâce à l’intervention d’un tiers, assurant une gestion locative adaptée et un accompagnement dans un objectif d’accueil de ménages en difficulté.
« Fin 2022 a été une période très dense pour nous quand nous avons été sollicités pour accompagner les familles qui étaient hébergées dans des hôtels après avoir quitté l’Ukraine.
Il a fallu capter des logements auprès des bailleurs publics, les meubler et faire rentrer des familles ».
« On crée le lien au fil des mois, il y a une posture à avoir vis-à-vis des personnes qu’on accompagne. Il y a une manière de parler aussi”. Meriem
Jules et Donna
Dispositif 2AJM : action qui assure l’accompagnement global des jeunes destinés à quitter les dispositifs de l’ASE* sur mandat du Département, sur des thématiques liées au logement/hébergement, à la sécurisation financière et à l’insertion socio-professionnelle.
« Jules m’a fait grandir, comme si ce n’était pas un éducateur au début, mais comme un grand frère.
Quand il est parti, ça m’a fait mal, mais j’ai gardé tout ce qu’il m’a appris, et tout ça, c’était comme une force et après, j’ai foncé.
Il était toujours derrière moi, il ne me lâchait pas et il m’encourageait.
Quand j’ai eu mon diplôme, je lui ai dit. C’était une fierté”.
Quand je l’appelle maintenant, c’est juste pour lui dire de bonnes nouvelles, que je suis fière de moi et qu’il se dise que tout ce qu’il a fait ce n’est pas pour rien ».
Cecilia, slammeuse.
Louis, slammeur.
Lucas, Slammeur
Timéo, Slammeur
Céline et Vitaliia
Vitaliia.
Réfugiée Ukrainienne
« Je me sens bien en France. Nous avons le projet de rester en France, nous avons changé les statuts. On essaye de bien s’installer ici.
Pour mon fils, ici, c’est calme car quand nous avons quitté notre pays, c’était terrible. On était bombardés et on ne pouvait pas dormir. Ici, nous pouvons bien dormir.
Mes parents eux sont restés dans ma région, elle était occupée depuis 10 ans, à l’est de l’Ukraine. Mon frère est resté de l’autre côté.
Et ici, nous sommes seuls ».
Espace de vie sociale d’Abbeville Atelier parents solos
Iryna. Réfugiée Ukrainienne
Gabriel.
Membre de l’atelier parents solos
« L’APAP est comme un arbre sur lequel les gens viennent s’asseoir, partager leurs sentiments, mais aussi leurs joies. L’APAP est comme un homme à bras ouverts pour embrasser le monde et leur donner la joie de vivre, partager leurs douleurs, les écouter et aussi les réconforter.
(…) Deux sourires font un monde, et c’est ce sourire-là que l’on retrouve à l’APAP ».
Fatiha.
Animatrice à l’espace de vie sociale
« J’ai pour mission d’animer différents ateliers. On a un temps dédié avec un groupe de parents solos. C’est un groupe qui mène des réflexions sur les sujets du quotidien, mais pas que. Il y a aussi la recherche de solutions collectives.
Quand les gens franchissent la porte, ils attendent un petit sourire et une oreille. Après, on voit avec la personne ce qu’elle vient chercher, si c’est quelque chose qu’on peut faire, on voit pour l’accompagner, si on ne peut pas, on doit lui apporter une réponse.
Je dis souvent aux gens qu’ils n’ont pas conscience qu’eux aussi nous apportent énormément. On donne, mais on reçoit énormément ».
Soraya.
Membre de l’atelier parents solos
« Pendant les ateliers, il y a différents profils de personnes, il y a beaucoup de convivialité, beaucoup d’entraide. On y croise des habitués et des nouveaux, on met à l’aise les gens nouveaux, on y apprend tout un tas de choses.
Personnellement, être à l’APAP ça a beaucoup changé ma vie parce que j’étais très solitaire, très isolée. J’étais chez moi avec mes enfants.
(…) Le fait de pouvoir donner à des personnes le pouvoir de concrétiser des choses qui se passent dans leur tête, des projets, permet de mettre en confiance les gens et de leur redonner de l’estime, de la confiance en soi beaucoup ».